« J'ai soupé en humant l'odeur des soupiraux d'où s'exhalaient les
fumets des viandes et des volailles rôties des bonnes cuisines
bourgeoises de Charleroi ». Elle est bien loin maintenant cette odeur
qu’Arthur Rimbaud décrivait dans ses Correspondances, lui l’enfant
de Charleville-Mézières qui arrive dans une ville prospère et
bourgeoise. Charleroi est alors la ville la plus riche de Belgique grâce
au charbon et aux industries et favorise l’accession du pays au rang
de 2e puissance économique mondiale.
150 ans plus tard, Charleroi dans le Pays Noir, traîne son lourd
héritage et son passé violent, mêlé de banditisme, de corruption,
d’enfants victimes d’un prédateur nommé Marc Dutroux. .
Elle est aujourd’hui célèbre en Belgique pour ses faits divers
sordides , son chômage endémique, les car-jackings et pour ses «
barakis » (habitants des quartiers populaires). Surnommée « Chicago
sur Sambre » ou « Charleroi en Walbanie » pour son fort taux de
criminalité, Charleroi fut désignée en 2008 ville la plus laide du
monde par un journal néerlandais.
Néanmoins, de cette ville qui tente de se réinventer, se dégagent un
charme étrange et une ambiance chaleureuse, parfois déjantée. De
sa laideur émerge une photogénie redoutable et une atmosphère
mystérieuse portée par les personnages qui la peuplent et des
traditions vivaces.
Certains nourrissent même l’ espoir d‘une renaissance à la manière
de Détroit aux USA. Son bourgmestre déclare d’ailleurs que «
Charleroi est une ville américaine dans sa configuration urbaine,
dans sa culture, dans son ouverture d’esprit, dans son social et les
grands travaux, tout en valorisant son héritage industriel et minier.